Lettre au secrétaire privé de la Reine

Lettre au secrétaire privé de la Reine

Lettre envoyée par voie diplomatique par l'entremise de la Gouverneure générale du Canada à Sir Robin Janvrin, KCVO, CB, secrétaire privé sa Majesté la reine Élisabeth II.

Le 31 juillet 2000

Le très honorable Sir Robin Janvrin KCVO, CB
Private Secretary to Her Majesty the Queen
Buckingham Palace
London, England

Sir Janvrin,

La présente a pour objet d'appuyer la démarche de M. Warren Perrin, qui a présenté une pétition au gouvernement britannique le 4 janvier 1990, revendiquant une reconnaissance des torts infligés aux Acadiens et aux Acadiennes lors de la déportation de 1755. M. Perrin demande que l'Angleterre reconnaisse que l'exil des Acadiens fut un mal terrible pour ceux-ci, que le gouvernement mette fin à l'ordre de déportation et érige un monument commémorant cette tragédie.

Vous trouverez les détails de cette pétition ainsi que le profil de M. Perrin à www.acadianmuseum.com/petition.html.

Il ne fait aucun doute que cet événement figure parmi les grandes tragédies de l'histoire du Canada. Les Acadiens et les Acadiennes furent arrachés de leurs terres et séparés de leurs familles. En exil, certains connurent l'esclavage et la prison. D'autres, fuyant les autorités britanniques, vécurent cachés dans les bois pendant des années. Nombre d'entre eux y périrent.

En 1994 ont eu lieu les premières grandes retrouvailles des descendants de l'ancienne Acadie depuis la déportation lors du Congrès mondial acadien. C'est dans l'allégresse que s'est déroulé cet événement qui, réunissant plus de 100 000 cousins et amis de partout dans le monde, se voulait à la fois un retour aux sources et un élan vers l'avenir.

Il y avait de quoi fêter! 390 ans après la fondation de l'Acadie et près de 250 ans après la déportation, les Acadiens et les Acadiennes forment des communautés plus dynamiques et plus vivantes que jamais. Ce n'est donc pas dans l'amertume que nous appuyons Warren Perrin, mais bien avec le sentiment qu'une page de notre histoire n'a pas été tournée.

Le Royaume-Uni, souvent chef de file dans l'avancement des droits de la personne, compte parmi les grandes démocraties modernes. Cependant, la déportation des Acadiens et des Acadiennes, orchestrée en temps de paix et alors que les lois civiles en vigueur auraient dû l'empêcher, fut une violation des droits humains et s'impose à la mémoire collective des Acadiens et des Acadiennes comme une tache indélébile.

C'est donc avec respect mais résolument que je fais la demande à Sa Majesté la reine d'accorder à la pétition présentée par Warren Perrin toute l'attention qu'elle mérite et d'y donner suite. Je me permets d'appuyer M. Perrin en tant qu'initiateur et président du premier Congrès mondial acadien, que membre de l'Ordre du Canada ainsi qu'Acadien.

Je souhaite vous rencontrer le 15 août prochain lors de la journée de la Fête nationale de l'Acadie, afin de vous remettre ma lettre d'appui formel à la pétition. Vous pouvez confirmer vos disponibilités auprès de mon assistante, Julie Verreault, par téléphone au (514) 939-2033, par télécopieur au (514) 939-6093 ou par courriel à julie@virtuelle.ca.

En espérant avoir l'occasion de discuter avec vous de la culture acadienne, je vous prie de recevoir, Sir Janvrin, l'expression de mes salutations distinguées.

André Boudreau, C.M.